Quelques reflexions sur la “langue B”

Qu’est-ce que la langue ‘B’ ?

– Il faut d’abord préciser la nature, pour l’AIIC et les interprètes de conférence professionnels, de cette ‘langue B’. Il s’agit d’une langue active, capable d’être employée quant à moi en consécutive et en simultanée. Certains acceptent que la combinaison C > B peut ne pas être offerte, ou l’être seulement en consécutive, mais l’ avis personnel de l’auteur est qu’une langue active doit l’être à partir de toutes les autres langues de travail de l’interprète.

– En parlant ici de la langue ‘A’ dite ‘maternelle’, j’entends un niveau de langue hors du commun, car il ne suffit pas d’être ressortissant d’un pays et d’être d’une certaine expression linguistique pour prétendre maîtriser cette langue comme se le doit un interprète de conférence. Il s’en suit que certaines langues ‘B’ peuvent être supérieures, comme vecteurs d’expression, à une langue ‘A’ moyenne.

– N’oublions pas non plus que ‘biactif’ n’est pas synonyme de ‘bilingue’ ; les vrais bilingues (culturels, émotionnels, linguistiques..) sont très très rares, et ne sont pas forcément de bons interprètes du fait de leur seul bilinguisme. A titre d’exemple, sur le 39 interprètes permanents actuellement en exercice à l’OTAN, tous biactifs, 6 sont bilingues, soit ‘double A’ d’après les catégories AIIC.

– On rencontre aussi assez fréquemment le cas de figure de l’interprète en herbe qui ne possède pas de langue à proprement parler maternelle et qui, à la différence du bilinguisme auquel sa vie précédente a pu lui laisser croire, possède deux langues ‘B’, aucune n’étant maîtrisée au niveau requis chez l’interprète de conférence. En ce cas-ci, la carrière d’interprète de conférence n’est malheureusement pas une aspiration réaliste.

– Il est aussi possible de trouver des interprètes capables de travailler vers trois langues, mais il s’agit ici d’un phénomène des plus rares – je me méfie de la grande majorité des linguistes qui prétendent à de telles compétences, car elles sont le plus souvent synonymes d’une interprétation de qualité médiocre. Comme on le dit en anglais « Fools rush in where angels fear to tread ». Le vrai professionnel connaît ses limites…

– Il convient d’oublier ici toute notion de ‘retour dépannage’ tel qu’enseigné par les écoles belges, car celui-ci n’a pas lieu d’être, et dévalue à la fois l’interprète et sa profession. En clair, on doit pouvoir offrir une prestation professionnelle et de haute qualité, ou se taire…

– La langue ‘B’ telle que pratiquée au niveau le plus élevé en conférence (par exemple à l’OCDE, au Conseil de l’Europe, à l’OTAN, au sein des différents ministères nationaux..) est donc une deuxième langue dont la maîtrise se situe, grosso modo, à un niveau légèrement en-deçà de celui d’une langue maternelle d’interprète (entre disons 2% et 15%, il étant entendu que ce genre de mesure n’a que peu de sens). Cette langue se pratique à un très haut niveau de richesse et de souplesse, et qui dépasse sensiblement le niveau de langue du ressortissant lambda, même diplômé universitaire, du pays en question.

– En langue ‘B’ on peut accepter un léger accent étranger, du moment que celui-ci ne représente jamais une entrave à la compréhension. Un nombre très réduit d’erreurs (par exemple de genre dans les langues latines ou d’accent tonique en anglais) peut aussi être toléré, en fonction du contexte, car il ne s’agit pas ici d’une langue qui se prétend maternelle.

– Il est bien entendu impossible d’établir un pourcentage des langues ‘C’ que l’on peut envisager de convertir en langue ‘B’, mais il faut comprendre que, à la différence de la langue maternelle, une langue ‘B’ peut se fabriquer. En mon expérience de pédagogue de 18 ans, entre environ 15% et 20% des étudiants-interprètes pourraient à terme, une fois bien conseillés et bien guidés (et à force de travail acharné !), envisager le rajout d’une langue ‘B’ à leur combinaison.

Pourquoi vouloir se doter d’une deuxième langue active ?

Maintenant que nous savons plus ou moins ce qu’est une langue ‘B’, voyons un peu son utilité.

– Vous savez que, grosso modo, les interprètes de conférence professionnels se scindent en deux grandes catégories :

  • *  le profil dit « classique », où l’interprète possède une langue maternelle active, et un certain nombre de langues passives
  • *  le profil dit « biactif », où l’interprète possède deux langues actives et éventuellement un certain nombre de langues passives – Dans le monde d’aujourd’hui, où commerce et globalisation sont rois et se véhiculent par une version bâtarde et appauvrie de la langue anglaise, le temps est en permanence compté, les budgets serrés, et on se passera volontiers de l’interprétation là où c’est possible. Néanmoins, pour des raisons soit de technicité des rencontres, soit de nature davantage politique et de prestige, l’interprétation de conférence reste un métier prisé qui demeurera de mise là où une communication approfondie et subtile est nécessaire. – Le marché international desservi par les interprètes se scinde grosso modo en deux : le privé/commercial et l’étatique (gouvernements, organisations internationales..).
    Dans certains cas de figure devenus rares, il reste souhaitable de conserver une kyrielle de langues de travail et de rechercher donc des interprètes qui en possèdent au moins trois de manière passive ; on pense notamment ici, bien entendu, à l’Union Européenne et, dans une moindre mesure, à l’ONU.

Pour l’ensemble des autres secteurs où les hommes et les femmes sont appelés à dialoguer, le souci de la communication va de pair avec celui de la rentabilité, de la vitesse et de la mobilité ; tous ces facteurs concourent à rendre de plus en plus souhaitable le recours aux interprètes pratiquant l’aller-retour, soit la biactivité.

Il y a tout lieu de croire que le deuxième secteur s’étendra à l’avenir aux dépens du premier. Cette tendance est marquée au sein du marché privé/industriel; à Paris, Bruxelles et Genève, et même au Pays Bas pour ne citer que quelques exemples, la demande reste très importante pour des interprètes compétents (et ce mot a de l’importance !) offrant la combinaison français-anglais en biactif.

Dans les pays européens, ainsi que ceux de l’Afrique sub-saharienne ou au Canada (pour ne citer que quelques exemples), les entités étatiques telles que les Ministères cherchent également activement de bons interprètes de conférence offrant en langue active la langue du pays et, notamment, l’anglais.

– Donc, pour l’interprète qui possède deux langues à un très bon niveau (voir dessus), l’option biactive est attractive et prometteuse. Cet(te) interprète possède peut-être d’autres langues de manière passive, et rien n’empêche de conjuguer les deux modes, afin de se rendre attrayant et utile à un maximum de clients et de configurations de réunions. Par contre, pour celle ou celui qui ne peut offrir qu’une langue active ‘classique’ et deux ou même trois langues passives qui le sont tout autant, il y a peu de débouchés qui permettent de vivre uniquement de l’interprétation de conférence. Demeure l’option d’apprendre une autre langue ‘exotique’, mais comment savoir lesquelles sont et resteront porteuses, et comment trouver le temps de les maîtriser à un niveau convaincant, tout en gagnant sa vie ?

En conclusion, au sein de la tourmente des évolutions commerciales et politiques de ce monde, et malgré les fluctuations que vit de notre profession d’interprète de conférence, l’interprétation biactive de grande qualité (impliquant donc deux langues dont la qualité active est au-dessus de tout soupçon) devient de plus en plus une valeur sûre qui permet à ses pratiquants de vivre de leur art. Par contre, les pressions budgétaires étant ce qu’elles sont et les écoles d’interprètes continuant à fournir une relève qui fait plus que compenser, numériquement, les départs de la profession, la qualité est une condition sine qua non. Voilà pourquoi il est plus que souhaitable de se doter, en toute connaissance de cause et après mûre réflexion, d’une langue ‘B’ à toute épreuve, et qui force le respect des clients ainsi que des collègues.

Avant de passer à la section suivante, je pensais qu’il serait amusant et instructif d’illustrer mes arguments avec un petit échantillonnage aléatoire (et nullement scientifique, s’entend) de l’annuaire de l’AIIC, en ce qui concerne le pourcentage d’interprètes ayant une langue ‘B’.

Le taux global de langue ‘B’, sur un échantillon total de 360 interprètes AIIC, est de 57%.

Voici la ventilation par ville ou par pays : Bruxelles 36%, Genève 50%, Etats-Unis 60%, Royaume-Uni 62%, Autriche 65%, Canada 72%, Paris 82%

Quelles peuvent être les conditions de base pour entamer cet apprentissage de manière réaliste ?

– la langue ‘A’ est au-dessus de tout soupçon

– la première langue passive, que l’on veut transformer en langue ‘B’, Est déjà très bien maîtrisée

– l’accent étranger, dans cette langue, est faible ou inexistant

– l’interprète en question a vécu ou est prêt à vivre au moins une année dans un pays où cette langue est parlée comme première langue

– l’interprète est prêt à travailler de manière assidue, en cabine et en en-dehors, pour établir les automatismes neuronaux et linguistiques requis par sa nouvelle combinaison. Il s’agit de refaire en partie l’apprentissage de l’interprétation sans doute déjà accompli, ce qui requiert bien entendu des dizaines d’heures passées en cabine à rôder cette seule combinaison

Quelles ont les démarches à assurer et les pièges à éviter, une fois la décision prise d’opter pour le rajout d’une deuxième langue active ?

Il s’agit de renforcer cette langue, et le bagage socio-culturel qui va avec, jusqu’au niveau où un délégué de cette expression s’y retrouve dans votre production linguistique, et se sent en présence d’un interlocuteur qui le comprend à tous les niveaux, qui partage avec lui/elle le sens d’un milieu de vie et de société.

a) Voici quelques exercices à privilégier :

1)
Passer beaucoup d’heures, en cabine, à prendre en filature (‘shadowing’) un intervenant parlant bien la langue ciblée. Il s’agit d’employer des fichiers MP3, des cassettes, des CD où l’orateur s’exprime dans les cadences de sa langue maternelle, et la maîtrise bien entendu à un très bon niveau. En filature, vous répétez le discours de l’orateur sans en changer la langue. Ainsi, votre cerveau et votre bouche doivent apprendre inconsciemment à intégrer et à produire cette langue sans effort mental, et réflexivement, ce qui exige évidemment des dizaines d’heures d’entraînement.

En agissant de la sorte, l’appareil neuro-linguistique assure environ 80% des opérations impliquées dans l’interprétation simultanée (une synthèse de plusieurs études récentes menées par des chercheurs spécialisés), le seul élément manquant étant le transfert linguistique. Il s’agit donc d’un très bon exercice à plusieurs niveaux.
Pendant la prise en filature, vous pouvez travailler la longueur du recul et la faire varier, et insérer petit à petit des expressions de votre propre facture. Il convient avant tout d’assimiler en automatisme les cadences et le relief vocal de la langue ‘B’ ciblée.
Le but ici est de constituer dans votre cerveau de nouvelles trajectoires nueronales ; ceci est un apprentissage indispensable pour toute nouvelle combinaison linguistique. Le fait d’avoir maîtrisé la pratique de l’interprétation simultanée entre une première et une deuxième langue ne dispense aucunement de travailler longuement, à titre séparé, chaque nouvelle combinaison – le cerveau devra se modifier en fonction, ce qui n’est pas le travail d’un jour.
A cette fin, il est également important de s’entraîner, pendant le travail de filature, à occuper une autre partie du cerveau, en écrivant par exemple (tout en parlant) des séquences de numéros qui exigent de la réflexion : 3, 7, 11, 15, 19….. Employer des séquences de plus en plus complexes au fur et mesure de l’apprentissage.
En travaillant en filature, il est tout-à-fait possible de réduire un accent étranger éventuel de manière considérable.

2)
En matière d’accent, la filature peut faire beaucoup, bien qu’au moins un reliquat subsistera presque toujours, et n’est pas une contre-indication en soi (voir dessus). Il existe dans toutes les langues une poignée de sons (qui variera en fonction de la langue et du pays de l’apprenti-interprète) que l’étranger aura des difficultés à produire : en anglais le ‘th’ ou le ‘..aw’ ou bien les accents toniques (se méfier notamment du mot ‘development’ !), en français les ‘..ouille’, ‘..u’ ‘en’, ‘in’, ‘an’ ou ‘on’, par exemple. Savoir quelles sont vos lacunes à ce niveau, et attelez-vous à apprendre à reproduire ces sons sans erreur, en vous exerçant jusqu’à ce que l’automaticité s’installe.

3)
Pour commencer à mesurer votre aptitude croissante dans la langue ‘B’, vous devrez guetter le moment où votre production de cette langue se fait automatiquement sans erreur grossière d’accent, de grammaire ni de syntaxe. Une fois acquis la certitude que, même sans surveillance ni censure mentale de votre part, la production de la langue ‘B’ se fait sans encombre, votre cerveau pourra commencer à passer au traitement intellectuel des sujets abordés et à la transposition de la langue ‘A’ ou ‘C’ vers la langue ‘B’ .
Une nuance ici : n’entamer l’apprentissage de la combinaison C > B qu’une fois acquis celui en A > B.

4)
La langue maternelle étant constituée en grande partie pendant la scolarisation secondaire, il est essentiel de refaire cet apprentissage, manquant chez ceux qui ne sont pas de parfaits bilingues, dans la langue ‘B’ visée. Il s’agit d’apprendre les notions et surtout les vocabulaires de bases manquants, en géographie, histoire, chimie, maths, physique, histoire de l’art, littérature etc. etc. Il peut être utile d’acheter pour ce faire les manuels scolaires de la langue en question, qui existent au bon niveau de connaissance et de langue, et qui auront été compulsés à l’époque par vos délégués e cette expression.
L’expérience montre que les deux domaines les plus souvent lacunaires dans la langue ‘B’ sont ceux des noms géographiques et de l’histoire de l’art et des cultures. Potassez tout de suite vos atlas, car ces vocabulaires ne pardonnent pas !

5)
Une fois les progrès de base accomplis, il est capital de rester au courant, en temps réel et en permanence, des évolutions culturelles/sportives/sociales du premier pays où la langue ‘B’ est parlée. Les films, la télévision, les journaux sportifs seront ici des atouts précieux.

6)
Passer du temps, régulièrement et pour des périodes aussi longues que possible, dans le(s) pays où votre langue ‘B’ se parle, en privilégiant les visites de musées et d’expositions, ainsi que des manifestations sportives et des cultures jeunes.

Il est parfois possible d’organiser une année de travail dans l’un de ces pays, en offrant vos services d’interprète qualifié comme lecteur ou assistant de cours à une école d’interprétation du pays. C’est le scénario le plus favorable, dans la mesure où vous restez dans le milieu de l’interprétation, dans la langue et la culture étrangères. En outre, il est parfois possible de prévoir un arrangement de troc où, en échange des cours que vous donnerez, vous pourrez assister à d’autres cours et vous servir des installations d’interprétation.

7)
Se munir d’un petit cahier où vous consignerez systématiquement toute belle citation, expression, image ou autre locution que vous rencontrerez, et que vous guetterez, dans la langue ‘B’ en devenir. L’idée ici est de rehausser le niveau global de votre expression, en étendue et en profondeur, en y incorporant des milliers de mots et de membres de phrase. Ces locutions, vous les apprendrez par cœur pour qu’elles deviennent seconde nature ; vous pourrez ainsi, petit à petit, rejeter en interprétation le premier mot qui vous viendra à l’esprit, pour privilégier systématiquement le deuxième ou le troisième, d’un registre meilleur.

8)
Choisir un beau discours dans la langue visée (et s’il s’agit de l’anglais, choisir entre celui du Royaume-Uni et celui des Etats-Unis, ensuite s’y tenir de manière cohérente) et s’évertuer à en apprendre une phrase par jour, en se la répétant de vive voix, le nombre de fois qu’il faut, jusqu’à ce qu’elle coule de source. Ne s’arrêter que lorsque le discours entier sera rentré dans votre mémoire et conscience. De cette manière, vous commencerez à maîtriser la grammaire, les cadences, la syntaxe, enfin le génie de la langue.

b) Il existe des pièges à éviter lors de l’emploi d’une langue ‘B’, et qui guettent tout jeune interprète :

– faire très attention en matière de registre, car celui-ci ne peut être jaugé avec la finesse habituelle dans la deuxième langue active. Toujours opter pour une locution ou une expression légèrement moins familière, ou moins musclée, que l’original.

– privilégier des phrases et expressions simples, sans céder à la tentation de clairsemer son discours en langue ‘B’ de locutions complexes, vieillottes, familières ou autrement hors du commun. Dans tous ces cas, et notamment avec l’emploi de métaphores ou d’images, il est très rare de pouvoir manipuler la langue non-maternelle avec une précision suffisamment certaine. N’imaginez surtout pas que l’une ou l’autre phrase prétentieuse, consciencieusement apprise par cœur, réussira à relever le niveau global de votre discours – au contraire, elles ne serviront qu’à perpétrer autant de ruptures de style, et attirer ainsi l’attention du client sur la relative pauvreté de la langue parlée par l’interprète

– la règle d’or est la suivante: « Keep it simple, stupid ! » Manier la deuxième langue avec sobriété, clairvoyance et intelligence, en respectant à tout moment ses propres limites. De cette manière vous viendrez gonfler les rangs des interprètes de conférence compétents et professionnels, vous serez respecté(e) et comblé(e) dans l’exercice de votre métier et vous apporterez votre pierre à l’édifice d’un monde où la communication est là au service de l’essor des hommes…

Chris Guichot de Fortis
(mars 2007, actualisé en 2011)

Contributors

Webmaster at Interpreter Training Resources, Andy is a freelance interpreter, member of AIIC, who works at EU and European institutions as well as for private market clients. Based in Paris he has been involved in training interpreters in Poland, the UK, Portugal and Germany and teaches regularly at ISIT in Paris, France and at Glendon in Toronto, Canada. He has written a number books for student interpreters.
Andy has also given further training courses (CPD) for interpreters at the European Institutions and for numerous national and international interpreters’ associations. He is also creator and curator of the Interpreters CPD Resources website.

A big thank you to colleagues who have offered material for the site so far, and in alphabetical order…..

Benoit Cliquet aka Clic!

Munich based colleague Benoit Cliquet, aka Clic!, has created a book of entertaining cartoons, lampooning some of the traits that working interpreters will recognize in themselves and their colleagues. He’s kindly allowed ITR to use some of the cartoons here. Proceeds from Clic!’s book go to the AIIC Solidarity Fund.

Alex has been involved in a number of innovative interpreting-related projects, including the excellent TechforWord and the Troublesome Terps. He and can also be found in several training films from the EU Commission.

Chris Guichot de Fortis

…is senior staff interpreter at NATO and teaches interpreting at several Belgian interpreting schools. He is also one of the organisers of the renowned Cambridge interpreting course for interpreters. He has volunteered a number of excellent guides, in FR and EN:  acquiring and maintaining a B language;  shadowing for delivery skill; a guide to practising; and difficultés psychiques de l’apprentissage. You’ll also find more of Chris’ training material at CCIConline.

Leading light in the world of interpreting research, curator of the CIRIN research network prolific author and experienced trainer of student interpreters Daniel offers some answers to students most frequently asked questions. You can also find an extract from Daniel’s excellent “…Concepts and Models” book here: The Gravitational Model of linguistic availability

Former head of the Polish booth at the European Parliament and senior member of the European Parlament’s interpreting Directorate General Anna is an experienced member of test juries at the EU institutions and she has offered a few pointers on getting through exams on the EXAM TIPS page

Guy Laycock

Guy is a staff interpreter at the EU Commission and has offered help and advice on a number of parts of the site but is too modest to claim the fame. Guy is a regular member of test juries at the EU institutions, so it is well worth checking out his very useful EXAM TIPS

Claudia Monacelli

Author of scientific papers but also a couple of very user friendly books on interpreting Claudia has volunteered a very useful set of questions aimed a getting to know your speaker

A teacher in a former incarnation, Jean-Jacques has taught at ESIT in Paris and is currently a staff interpreter at the Council of Europe. Jean-Jacques has compiled a list of tips for improving your knowledge of your working languages, loosely based on the Paris school, ESIT’s, well known booklet, Perfectionnement linguistique.

Lou is the brains and energy behind the fabulous A Word in your Ear interpreting vlog. She’s kindly donated some of the better photos that you’ll find on the ITR site.

Mikołaj Sekrecki

Mikołaj is based in Cracow Poland and has also taught at the Jagiellonian University’s interpreting school. He works from English and offers some answers to frequently asked questions.

Valerie worked for the UN and other international institutions from her base in Geneva before she moved to Australia where she has become a leading figure on the interpreting market there. 
She has written a book for student interpreters, Conference Interpreting – Practice and Principles”, extracts of which she has contributed to this site.
They deal with Booth Etiquette, a subject not always addressed on training courses, and Preparation. You can also visit Valerie’s home page.
Valerie has also offered a range of Tips for novice interpreters.

David Walker

David was a staff interpreter at the European Parliament for the best part of 40 years, and worked from 5 EU languages including Greek.

He compiled numerous invaluable preparation resources at the EP and has shared some ideas of the use of register in interpreting here. He has also produced this eclectic and original ten part series on language learning – the Dekalog.

Alex Williams

Started out as a freelance interpreter in Geneva a few years ago and generously shares with us a few tips for finding your feet, and work, at the international institutions there.

Martin Wooding

…is a former staff interpreter of the European Parliament. Martin was editor of the EP’s interpreter bulletin, Lingua Franca, and was Head of Unit responsible for Enlargement and Multilingualism at the EP. He has reviewed Andrew Gillies’ book, Note-taking for Consecutive Interpreting, for this site.

Thanks too, of course, to the many colleagues who have included links to ITR on their own websites, who have offered suggestions and ideas on improving the site, and also to those whose material has been borrowed or summarized elsewhere on the site.

Difficultés psychiques

L’apprentissage de l’interprétation de conférence et les difficultés psychiques qui lui sont inhérentes

Chris Guichot de Fortis
Senior Interpreter NATO

Vous voilà apprentis interprète de conférence, et je vous félicite de votre choix de carrière, qui vous comblera à terme de ses bienfaits, professionnels, intellectuels et personnels. Cependant, il se peut que vous ne sachiez pas, ou pas encore, quel peut être le cortège de difficultés et d’angoisses qui va trop souvent de pair avec les études que vous avez choisies.

J’ai une expérience de vingt ans de pédagogue dans diverses écoles d’interprétation en Belgique, en France et au Royaume-Uni. Année après année, j’ai pu constater (à ma grande tristesse!) que la majorité des étudiants qui se consacrent aux études du diplôme de «Master » d’interprétation de conférence, trébuchent sur les difficultés insoupçonnées, d’ordre émotionnel et psychique, qui sont fort malheureusement incontournables dans ce contexte.

Mon but ici est de vous prévenir quant aux contraintes personnelles et aux pressions psychiques qui font partie intégrante de la profession et des études qui y ouvrent l’accès, et de vous prémunir contre ces embûches. J’espère ainsi, en vous permettant de vous consacrer les yeux grand ouverts et en pleine connaissance de cause à votre apprentissage de la profession, vous épargner bien des états d’âme et des mises en cause personnelles habituellement angoissantes. En somme, je voudrais que vous deveniez des interprètes compétents et épanouis, mais aussi que vous preniez du plaisir en apprenant à accéder à ce statut…

1) Jusqu’ici, il y a fort à parier que vous avez toujours été les meilleurs, ou presque, dans vos études de secondaire et/ou de baccalauréat ou de licence, car les écoles d’interprètes recherchent toujours les étudiants les plus doués et les plus motivés. Dès à présent, cependant, vous ne serez sans doute plus le numéro un, ce qui bien entendu est tout-à-fait logique, mais ce fait peut imposer un petit ré-étalonnage mentale et psychique avant de pouvoir assumer avec sérénité le nouveau statut de ‘petit poisson dans un grand étang’.

Il faut également comprendre que vous vous attaquez désormais à une matière extrêmement difficile, et il se peut que ce soit la première fois de votre jeune vie que vous tentez d’acquérir une gamme de compétences techniques qu’il vous sera impossible de maîtriser de prime abord. En effet, surtout en ce qui concerne l’interprétation simultanée, personne n’y arrive dès le début de l’apprentissage, et il faudra travailler très dur, et patienter jusqu’à ce que le métier rentre et que le déclic s’opère. La bonne nouvelle est que, à condition de posséder les compétences linguistiques et intellectuelles requises et de travailler et de vous entraîner comme des forcenés, cet heureux déclic arrivera presque immanquablement, tôt ou tard. Moralité de l’histoire : soyez patients, travaillez dur, écoutez les conseils et ne soyez ni étonnés ni déprimés de ne pas y arriver tout de suite, et de connaître bien des hauts et des bas, autant intellectuels que psychiques…

2) Vous ne la savez peut-être pas encore, mais l’interprétation de conférence est un art où les performances et les prestations se font grâce à une improvisation permanente, le plus souvent sans ‘filet de sécurité’ et en faisant appel en temps réel à une vaste panoplie de compétences et de réflexes complexes, peu naturels et initialement fragiles.

Voici une description assez parlante du jazz, description qui décrit à merveille les complexités et les gloires de l’interprétation simultanée:

« Controlled spontaneity. Like ink painting, like haiku, like archery, like kendo fencing – jazz isn’t something you plan, it’s something you do. You practice, you play your scales, you learn your chops, then you bring all your knowledge, your conditioning to the moment.

‘In jazz, every moment is a crisis’, said Wynton Marsalis ‘and you bring all your skill to bear on the crisis’.
Like the swordsman, the archer, the poet and the painter –it’s all right there –no future, no past, just that moment and how you deal with it. Art happens….. »

(Christopher Moore – A Dirty Job)

Comprenez que nous sommes des artistes et des performers, évoluant sur la corde raide, et que notre profession exige, de par sa nature, que nous ‘sortions nos tripes’, que nous nous investissions d’une manière intense, intègre et très personnelle dans nos prestations, que nous y mettions tout ce qui est en nous. C’est ainsi que nous devenons des interprètes de conférence dignes de ce nom, dignes du message, dignes de nos délégués.

La contrepartie d’un tel investissement de soi, c’est que les commentaires et critiques que vous feront vos professeurs, peuvent vite prendre des tournures personnelles blessantes et/ou contre-productives, ou être perçus par vous de cette manière. Il est essentiel que professeurs et étudiants se rappellent à tout moment que les études impliquent que ces derniers soient évalués et jugés en leur qualité d’interprètes de conférence (potentiels) et non pas en tant qu’êtres humains. Pour vous, étudiants, il est important de trouver en vous le moyen d’accepter et d’agir sur le feedback de vos pédagogues, mais sans le prendre comme atteinte à la personne que vous êtes et sans vous mettre en cause vous-même sur le plan psychique– je vous assure que ce malheureux amalgame est tout-à- fait courant!

3) Notre profession peut être qualifiée d’art du spectacle, et les interprètes de conférence sont des performers ou artistes, montant sur scène et puisant dans toutes leurs ressources pour animer, inspirer et informer un public ayant besoin d’eux pour participer à l’événement. Il est donc jugé légitime que ceux qui ‘consomment’ l’interprétation en ‘assistant au spectacle’, s’arrogent le droit de juger et de commenter les prestations des interprètes, un peu comme le font les critiques et le public devant une performance à l’opéra, aux Jeux Olympiques ou au théâtre.

Peut découler de ce phénomène un effet de stress et d’angoisse, décrit comme suit par le champion de tennis Pat Cash :

“I’m referring to the pressures of the game that grow and grow to such an extent that you almost reach the stage where you resent and despise the sport you play. And most of those pressures come from within your own brain.
I reached the point…where, during a match, so many people were prepared to make judgements on somebody they didn’t know…”

Je ne voudrais absolument pas que vous tombiez dans ce piège, alors réjouissez-vous plutôt de pouvoir vous montrer des performers polyvalents et doués, et acceptez que ce phénomène est à la fois le fléau et le couronnement du travail de l’interprète de conférence.

Une contrepartie évidente de ce constat, c’est que l’interprète de conférence qui craint d’être écouté, ne pourra survivre ! Or, il est très courant de voir les débutants se taire par simple effet de peur et d’intimidation, lorsqu’ils se savent écoutés par un collègue ou un professeur – il s’agit d’un défi de plus à surmonter, et si vous arrivez à reconnaître cette peur pour ce qu’elle est, plutôt que d’y céder vous finirez par vous délecter à l’idée d’avoir une occasion d’afficher vos compétences grandissantes!

4) Je vous recommande, jeunes interprètes en devenir, de vous construire un ‘personnage professionnel’ que vous revêtirez pendant les heures de travail ou d’exercices, quittes à l’ôter une fois le travail fini, pour redonner libre cours à votre caractère habituel, et sans aucun doute estimable et fascinant! Vous devez vous habituer à devenir de fins professionnels pendant les heures où vos clients dépendent de vous, et il peut être passionnant de construire et de perfectionner ce ‘personnage bis’, qui épatera – de par sa résistance, son énergie, son intelligence, sa fiabilité, son savoir-faire, sa discrétion et son professionnalisme – tous les acteurs des conférences auxquelles vous assisterez. Ce personnage, vous devez pouvoir l’assumer (et l’assumer intégralement) à la vitesse de l’éclair, comme si vous actionniez un interrupteur.

5) La profession de l’interprétation de conférence s’est développée et est structurée de manière à passer presque toujours par des tests grandeur nature, en temps réel devant un auditoire. Ceci est le cas qu’il s’agisse d’obtenir votre diplôme d’interprète ou d’être accepté comme freelance ou permanent au sein d’une organisation internationale, et que l’on aime ou non ces passages obligés, ils sont incontournables. C’est un peu à l’image d’un chanteur, d’un acteur, d’un athlète, d’un musicien ou d’un danseur, qui doit montrer de quoi il est fait en situation de stress réelle, et souvent dans des contextes où ‘toute erreur se paie cash’.

En fait, puisque nous gagnons notre pain quotidien en nous livrant à des performances de cet art complexe, il est normal et souhaitable, pour tout entité diplômant ou employeur éventuel, de vouloir apprécier le niveau de prestation de l’interprète (potentiel) en situation de crise (voir 2) ci- dessus), car notre travail consiste à gérer une ‘crise permanente’. Chez l’interprète de conférence, il va un peu sans dire que l’évaluation continue n’est pas vraiment utile, puisque nous ne valons jamais plus que notre dernière prestation en date..

Voilà quelques-unes de mes idées, un peu à l’emporte-pièce, concernant les expériences que vous risquez de vivre en tant qu’étudiants- interprètes. J’espère, sincèrement, que vous aurez vite fait de comprendre que, malgré les difficultés décrites, dont certaines s’appliqueront sans aucun doute à votre cas, le jeu en vaut très largement la chandelle. Notre profession est unique, passionnante, complexe, envoûtante, et je vous souhaite de la vivre intensément et d’une manière qui vous inspirera tout au long de vos années en cabine !

Christopher Guichot de Fortis (AIIC)
Interprète principal au Siège de l’OTAN,
Bruxelles 26 septembre 2011

Practice Guide Guichot de Fortis

by Chris Guichot de Fortis
Senior Interpreter, NATO
January 2015

“You have a mind, it wants to learn. Acquire an arsenal of knowledge with which to arm yourself…our modern age is a time when learning is power….every man must know everything. Ignorance is the curse of God, knowledge the wing we use to fly…your brain must hurry to eat all the facts it can hold, before the next age of darkness.”
(Phillip Depoy – “The King James Conspiracy”)

It has become increasingly apparent to me over the years that a considerable number of students studying conference interpreting (at Master’s and other levels), find it difficult to know exactly how to proceed, and which tactics and techniques to adopt in their efforts to improve their consecutive and simultaneous techniques, and strengthen both their ‘A’ and ‘B’ languages. So, I felt it might be useful for me to provide a few hints and guidelines to help my future colleagues, which is my goal in this informal (and far from exhaustive) guide; I hope and trust that it will be of assistance both to those still engaged in their studies, and recently qualified young conference interpreters.

If you are to progress, it is important that you understand that the formal hours of teaching and training offered by your school during your interpreting studies can only be considered as simply the tiny tip of what is a complex and extensive iceberg. If you limit yourself to this ‘official’ training and practice, be advised from the start that you will have practically no chance either of passing your diploma exams or (much more importantly) of actually becoming a conference interpreter! Please divest yourself immediately of the misapprehension that simply attending classes will automatically make you into a conference interpreter – from today on, devote your energy, your willpower and your imagination to external/supplementary/independent training activities aimed at making you both competent and autonomous.

Think of your formal classes more as a chance to have regular access to experienced trainers, who will be able to observe your performance and provide advice to enable you to then go away and progress. Remember that even though Olympic athletes (and theirs, linguistically, is the level of difficulty and excellence in performance at which you are aiming) resort systematically to specialist professional trainers, these experts can only observe performance and indicate what form the athlete’s training should take. It will be the individual athlete’s muscles and tendons which will bring Olympic success, and not those of the coach – it is therefore up to the athlete to make the lengthy, focused, sustained and considered efforts which will progressively strengthen and develop muscles, resilience and technique, and lead to success in performance.

In your case, it is your own brain that you must painstakingly develop, nourishing synapses and creating the new neuronal pathways which are a prerequisite for simultaneous interpretation, and to which there are no shortcuts: there can literally be no substitute for many many hours of purposeful and targeted practice, actually carrying out the interpreting task! You may practice alone or in a group, and must regularly seek evaluations and advice from seasoned professional interpreters/pedagogues, who know where the bar is set. This professional feedback should lead to the adoption of strategies to remedy any faults identified, and this practice/feedback loop should be repeated many times.

It is usually said that, to acquire a high-level specialist skill, some 10.000 hours of deliberate practice are required. While this will indeed be necessary for you to achieve a truly expert level of performance (which should legitimately be your aim after a couple of years in the profession, if you wish to make a living from conference interpreting in a competitive world), to reach the level required to actually launch one’s career, several hundred hours (in conditions as near to those of real life as possible) should suffice!

During your practice sessions, I suggest that you draw inspiration from the text in Annex I below, detailing the training methods and strategies employed by experts and specialist performers in a variety of fields.

It is very important that you practice even a little every day (while allowing yourself a weekly day of rest!), rather than opting for less frequent but rarer but longer, intensive bursts of activity. On days when you have classes, I recommend a daily average of 90 minutes’ concentrated training, in two 45 minute slices, all disciplines included; on those days when you have no formal interpreting classes, you should at least double this amount of time. Work also at acquiring the conference interpreter’s essential skill of ‘throwing the switch’ and being able to concentrate immediately and totally on the task at hand, while relaxing just as fully when the time is right. This ability (a skill in its own right), is so frequently disregarded and/or misunderstood, but it will be the basic key to the success of your training and practice, and later to your life as a practicing professional conference interpreter.

You will find below a short list of exercises which I hope and believe will help you develop as a conference interpreter. I should add the rider that each person, each brain and each linguistic and professional profile is different – you should therefore put together a reasoned, rational and achievable study and training plan to suit your own abilities and circumstances, and stick to it even when the going gets tough (as will often be the case, trust me!). If you would like to consult me (c.guichot@aiic.net) for help in establishing a tailor-made personal training plan, I would be very happy to help if time permits:

1) Listen every day, for at least an hour, to spoken-word radio (NPR, BBC Radio 4 and World Service, for English), at times with complete focus and concentration and at times as a background to your routine activities. Whether you are an English ‘A’ or ‘B’, the advantages here are multiple:

  • –  during the ‘concentrated’ listening periods, you will improve your grasp of current affairs and geopolitics, and enhance the lexical breadth and depth of your language
  • –  at all times, in the absence of visual cues, your ears and brain will become accustomed to instinctively and rapidly seizing the meaning and cadences of the (‘C’ or ‘B’) language, and to honing active listening skills
  • –  in listening to radio speech while engaged in other relatively undemanding activities, you will train your brain to listen and extract meaning with only a part of its capacity; this is an absolute goal to be reached in simultaneous interpreting, where the brain must be free to concentrate on the more ‘noble’ core functions of interpretation, i.e. understanding, processing and transposing complex ideas.

2)  Practice simultaneous, using real-life speeches delivered by speakers who are making no concessions to the fact that you are interpreting them, and pulling no punches! Use headphones and a computer, record your work and check it afterwards; as often as possible, ask for feedback from an experienced interpreter with the relevant ‘A’ language (if need be, arrange to send sound files by email). I hope that the list of useful links in Annex II will help you here.

3)  Form a training and practice group with other students or young colleagues,: negotiate access to a room with interpreting booths (use imagination and lateral thinking, and do not take ‘no’ for an answer!) and organize regular and frequent training sessions. Attend these sessions come what may, even when tired or discouraged, as they will be a source of motivation and cross-fertilisation; while the learning curve is still steep, it is easier to struggle with others than alone. You should attend these sessions systematically, no matter how (or how confident) you are feeling mentally or physically, because others will be depending on you and your commitment. The discipline will later stand you in good stead as a professional interpreter, and will help develop your character and reliability, making you a sought- after colleague.

In your work with the practice group, every member in rotation should prepare and deliver speeches, which will also develop your self-confidence and hone other communication skills that will help you greatly in consecutive and simultaneous interpretation. While working in a group, be constructive in your feedback to colleagues, but also frank and demanding. Undemanding or superficial feedback (too many schools tend to be insufficiently demanding of their students) does more harm than good, and it is only through constructive frankness that you will progress. Try hard to move beyond a simple recitation of inaccuracies and language errors, and seek to identify weaknesses in listening, concentration, reasoning and understanding, all of which will undermine successful interpretation. A further bonus here is that in learning to critique colleagues, you will also become better able to identify your own problems.

In Annex III below you will find a description of an excellent group of this type, which is primarily aimed at recent graduates. This is an example from which to draw inspiration; please take into account the intellectual property involved in the format and website of this group, and make sure to ask permission from the group organizer (listed in the Annex) before cutting and pasting any part of her work.

4)  Practice on-sight translation every day, alone or with others; fix the goal of finding (in your ‘A’ language) 5 or 6 versions of each and every sentence without hesitation, varying grammar, syntax and word order; in your ‘B’ language, your goal should be to provide 3 versions with equal speed. You can work on this exercise anywhere and at any time, using virtually any type of text, and it is indispensable for increasing the speed and flexibility of your thought processes, and your linguistic breadth and depth in all your active languages.

5)  Perform 4-minute slices of consecutive interpretation, preferably in front of an audience made up of your colleagues or of ‘pure consumers’ who have no knowledge of the source language – this is a good motivator for young interpreters, as it places them in a situation where their interpretation is truly necessary, a salutary and welcome change from the artificial circumstances in which most such tasks tend to be carried out in a learning environment.

6) Spend a considerable amount of time ‘shadowing’ (see guide at Annex IV below) elegant, flowing and convincing speeches in all your active languages (‘A’ just as much as ‘B’). Do not forget that even your mother tongue will not yet be at a level sufficient to be able to professionally interpret complex arguments and ideas. In addition, shadowing is the best possible tool for acquiring a strong ‘B’ language, so that it can be employed reflexively, confidently and convincingly: after many tens of hours of practice, this technique will help you automatically employ correct vocabulary and register in your ‘A’ language, and appropriate cadences, accent and rhythms in your ‘B’ language.

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ANNEX I

Article : « Elite Players’ Practice »

The Berlin Study

In the early 1990s, a trio of psychologists descended on the Universität der Künste, a historic arts academy in the heart of West Berlin. They came to study the violinists.

As described in their subsequent publication in Psychological Review, the researchers asked the academy’s music professors to help them identify a set of stand out violin players — the students who the professors believed would go onto careers as professional performers.

We’ll call this group the elite players.

For a point of comparison, they also selected a group of students from the school’s education department. These were students who were on track to become music teachers. They were serious about violin, but as their professors explained, their ability was not in the same league as the first group.

We’ll call this group the average players.

The three researchers subjected their subjects to a series of in-depth interviews. They then gave them diaries which divided each 24-hour period into 50 minute chunks, and sent them home to keep a careful log of how they spent their time.

Flush with data, the researchers went to work trying to answer a fundamental question: Why are the elite players better than the average players?

The obvious guess is that the elite players are more dedicated to their craft. That is, they’re willing to put in the long, Tiger Mom-style hours required to get good, while the average players are off goofing around and enjoying life.

The data, as it turns out, had a different story to tell…

Decoding the Patterns of the Elite

We can start by disproving the assumption that the elite players dedicate more hours to music.

The time diaries revealed that both groups spent, on average, the same number of hours on music per week (around 50).

The difference was in how they spent this time. The elite players were spending almost three times more hours than the average players on deliberate practice the uncomfortable, methodical work of stretching your ability.

This might not be surprising, as the importance of deliberate practice had been replicated and reported many times (c.f., Gladwell).

But the researchers weren’t done.

They also studied how the students scheduled their work. The average players, they discovered, spread their work throughout the day. A graph included in the paper, which shows the average time spent working versus the waking hours of the day, is essentially flat.

The elite players, by contrast, consolidated their work into two well-defined periods.

When you plot the average time spent working versus the hours of the day for these players, there are two prominent peaks: one in the morning and one in the afternoon.

In fact, the more elite the player, the more pronounced the peaks. For the best of the best — the subset of the elites who the professors thought would go on to play in one of Germany’s two best professional orchestras — there was essentially no deviation from a rigid two- sessions a day schedule.

This isolation of work from leisure had pronounced effects in other areas of the players’ lives. Consider, for example, sleep: the elite players slept an hour more per night than the

average players.

Also consider relaxation. The researchers asked the players to estimate how much time they dedicated each week to leisure activities — an important indicator of their subjective feeling of relaxation. By this metric, the elite players were significantly more relaxed than the average players, and the best of the best were the most relaxed of all.

Hard Work is Different than Hard to Do Work

To summarize these results:

  • The average players are working just as many hours as the elite players (around 50 hours a week spent on music),
  • but they’re not dedicating these hours to the right type of work (spending almost 3 times less hours than the elites on crucial deliberate practice),
  • and furthermore, they spread this work haphazardly throughout the day. So even though they’re not doing more work than the elite players, they end up sleeping less and feeling more stressed. Not to mention that they remain worse at the violin. I’ve seen this same phenomenon time and again in my study of high achievers. It came up so often in my study of top students, for example, that I even coined a name for it: the paradox of the relaxed Rhodes Scholar.

This study sheds some light on this paradox. It provides empirical evidence that there’s a difference between hard work and hard to do work:

  • Hard work is deliberate practice. It’s not fun while you’re doing it, but you don’t have to do too much of it in any one day (the elite players spent, on average, 3.5 hours per day engaged in deliberate practice, broken into two sessions). It also provides you measurable progress in a skill, which generates a strong sense of contentment and motivation. Therefore, although hard work is hard, it’s not draining and it can fit nicely into a relaxed and enjoyable day.
  • Hard to do work, by contrast, is draining. It has you running around all day in a state of false busyness that leaves you, like the average players from the Berlin study, feeling tired and stressed. It also, as we just learned, has very little to do with real accomplishment. This analysis leads to an important conclusion. Whether you’re a student or well along in your career, if your goal is to build a remarkable life, then busyness and exhaustion should be your enemy. If you’re chronically stressed and up late working, you’re doing something wrong. You’re the average players from the Universität der Künste — not the elite. You’ve built a life around hard to do work, not hard work. The solution suggested by this research, as well as my own, is as simple as it is startling: Do less. But do what you do with complete and hard focus. Then when you’re done be done, and go enjoy the rest of the day.